Rencontre avec Claire, communicante au Funambule

Rencontre avec Claire, communicante au Funambule

Solidarité, convivialité et partage sont au cœur des missions de Claire, administratrice au Funambule. Elle participe à améliorer la communication de l’ASBL. En septembre 2020, Claire a d’ailleurs créé un groupe de soutien sur Facebook, qui compte à ce jour près de 130 membres. Retour sur cette belle aventure.

« Quand je me suis intéressée au Funambule, j’ai consulté le site internet et la page Facebook, deux supports de communication que je trouvais de qualité. Mais j’ai constaté qu’il y avait peu de commentaires sur Facebook et une réflexion est née… Quand on a un trouble bipolaire, on n’a pas forcément envie que des amis Facebook soient au courant. Par contre, Facebook est un beau moyen de pouvoir échanger à ce propos. Les groupes privés sur Facebook offrent la possibilité de discuter dans un espace plus confidentiel. En effet, les publications et commentaires ne sont pas publics.

« Et si on lançait un groupe privé sur Facebook ? »

Je suis membre de groupes français sur la bipolarité et je me suis dit : pourquoi pas un groupe privé belge ? J’ai donc créé cet espace de communication entre pairs et avec les proches de personnes vivant avec un trouble bipolaire.

La gestion au quotidien : plaisir et rigueur

Gérer ce groupe privé est un plaisir pour moi. Depuis les débuts des réseaux sociaux, j’ai tout de suite apprécié cet outil et suis à l’aise en tant que community manager. Tous les jours, je valide les demandes d’adhésion. Les nouveaux membres sont acceptés s’ils répondent à deux questions :  1. Quel est votre lien avec la bipolarité. 2. Acceptez-vous les règles du groupe (confidentialité et respect des autres) ? Il est en effet important à mes yeux que ce groupe soit bienveillant, que tout le monde s’y sente bien.

Une animatrice et des membres actifs !

Les personnes qui nous rejoignent peuvent poser les questions qu’elles souhaitent. Les contacts permettent de briser la solitude et d’obtenir un soutien. En effet, les groupes de parole du Funambule ne se déroulent pas tous les jours et, ici, les membres peuvent intervenir à tout moment. Il y a une dizaine d’habitués qui postent des commentaires plusieurs fois par semaine. Pour favoriser l’expression et instaurer une ambiance conviviale, je poste par exemple des publications sur le trouble bipolaire, des sondages sur l’humeur du moment des membres. Nous avons aussi un chouette petit rendez-vous hebdomadaire : « le mot de la semaine ». Les membres sont libres de commenter ou pas, cela ouvre le champ des possibles. Le mot « identité », par exemple, avait donné lieu à de nombreuses réactions. Je réponds à des commentaires au nom du Funambule mais aussi, parfois, en mon nom propre, quand des thèmes me touchent de façon plus personnelle.

Des « salons » pour discuter en vidéo

J’ai récemment lancé un salon de conversation : on se confie, on parle de tout. On rit beaucoup aussi ! Le concept rejoint celui des groupes de parole mais est différent. Dans les deux cas, on est entre personnes bienveillantes, qui savent ce qu’est la bipolarité puisqu’elles la vivent, en tant que proche aussi. Ce qui me ravit, ce sont les initiatives qui voient le jour comme celle, récente, d’une dame qui a proposé des balades. D’autres ont suivi. C’est super !

Des idées pour mieux faire connaître Le Funambule 

Depuis que je suis au Funambule, j’apprécie énormément la latitude que l’on me donne pour mettre en place les quelques idées que j’ai eues. J’ai par exemple suggéré qu’on change de nom de domaine (anciennement, le site était : www.infofunambule.be). Chose faite (www.bipolarite.org) : j’ai épaulé Steve dans la refonte du site. Puis, j’ai proposé un blog. La semaine passée, j’ai lancé la page LinkedIn sous les bons conseils de Jean-Marc. Je rêve aussi que Le Funambule communique via un Instagram. Ah, et une autre idée germe dans mon esprit : créer un concept « Fun en Bulle ». Suite à une discussion avec le réalisateur de The 108 Journey, Hugo Rozon, on s’est dit que ce qui manque dans le « monde » de la bipolarité, ce sont, outre les groupes de parole, des espaces pour vivre d’autres choses… C’est un peu dans l’esprit des balades, ce serait des activités pour les personnes bipolaires et leurs proches, ouvertes à tous, mais un peu encadrées. Je vois bien un barbecue, une sortie à un concert, partager un moment autour d’un repas ou encore la descente de la Lesse en kayak. Du fun, quoi !

Propos recueillis par Franca Rossi

« The 108 Journey » : un vent de fraîcheur sur la bipolarité

« The 108 Journey » : un vent de fraîcheur sur la bipolarité

Un jeune homme de 25 ans vient d’offrir au monde son documentaire « The 108 Journey ».  Cet autre point de vue sur la bipolarité se distingue par son optimisme. Rencontre avec le québécois Hugo Rozon.

En 2021, dans notre monde occidental, les troubles bipolaires sont principalement et uniquement associés à une faiblesse. Le documentaire « The 108 Journey » (59 min), sorti fin du mois de janvier sur internet, remet cet aspect réducteur en question. Cette sorte de carnet de voyage retrace le parcours du personnage principal, Hugo Rozon. Sa quête ? Se reconnecter avec lui-même.

Armé de courage et de son équipe de tournage, il s’est rendu en Inde pour mettre en scène « en vrai » les états dans lesquels il est passé. On le voit par exemple en crise maniaque en Inde, dans une ambiance hyper stimulante et chaotique. « A Mumbai, tout va très vite. J’étais confronté en permanence avec mes peurs et mon anxiété. Et j’ai décidé de les affronter », nous explique Hugo Rozon. On le voit ensuite découvrir, pas à pas, des réponses à ses questions.

Loin de vouloir prêcher ou imposer une quelconque vérité, son témoignage en images permet d’ouvrir le champ des possibles quant à l’approche de cette « maladie » : sa « plus grande force et sa plus belle faiblesse ».

Le trouble bipolaire : un don ?

Hugo Rozon a été diagnostiqué bipolaire à l’âge de 18 ans. Il  a ensuite apprivoisé sa différence. Son psychiatre qui suit des personnes avec de hautes fonctions à responsabilités au Québec, a mené la même démarche qu’avec ses autres patients. Il fait en sorte qu’Hugo puisse « performer », c’est-à-dire à exploiter au maximum son potentiel de créativité, tout en prenant compte sa bipolarité. « Lorsque j’ai compris que la bipolarité était un don, ça a changé ma vie. », nous explique-t-il, lors d’une agréable visioconférence via facebook. « Je ne prétends pas détenir LA vérité. J’ai compris des choses qui fonctionnent pour moi. ».

the 108 journey Hugo Rozon

La psychoéducation : la clé pour piloter une vie hors norme

Hugo Rozon the 108 Journey

Une étape indispensable selon lui est d’accepter la situation. Ensuite vient le nécessaire ajustement. « C’est possible d’avoir une très belle vie. Je voyage beaucoup. Depuis très jeune, je travaille à mon compte. ». Pour y arriver, il compare sa vie à celle d’un pilote d’une voiture de course qui peut aller très vite, parfois trop. Et tomber en panne aussi.

« C’est une histoire de paramètres. Je veille à bien m’alimenter, je fais d’ailleurs mes repas le dimanche pour la semaine. Je fais du sport, au minimum 45 minutes de marche par jour et quand c’est possible (Covid), je vais à la salle de sport. Je nettoie chez moi aussi. Quant au sommeil, si je passe une nuit blanche, mon alarme orange clignote. Alors, je redouble d’attention. J’ai appris à connaître ».

Ce que Hugo décrit ici s’intitule « la psychoéducation ». Respecter une bonne hygiène de vie et contrôler les signes avant-coureurs réduit en effet les risques de rechutes.

À quand un monde acceptant les différences et les faisant briller ?

Dans d’autres cultures « qui ne scindent pas tout en noir et blanc », la bipolarité n’est pas toujours appréhendée comme une maladie. Elle est vue comme une différence aux mille et une couleurs. Cette vision positive de Hugo Razon, inspirée par ses voyages et ses rencontres spirituelles, notamment au Népal lors de l’ascension d’un des sommets de l‘Himalaya, traverse tout le documentaire auto-financé par son réalisateur.

Hugo Rozon The 108 Journey toit

Création d’une « plateforme d’incompris » pour ouvrir le dialogue

Aujourd’hui, il va plus loin en créant GENERAT1ON, une sorte de communauté réunissant toutes les personnes « incomprises ».

« J’ai envie que la bipolarité soit vue autrement. La complexité de l’être humain n’est pas une mauvaise chose. Il ne faut pas avoir peur de l’anormalité. Je suis peut-être un peu en avance sur mon temps, mais je crois que dans le futur, un mouvement va naître ».

Il est vrai que récemment, des mouvements de groupes minoritaires ont pris beaucoup d’ampleur. Selon le réalisateur, un mouvement de la santé mentale, de personnes « différentes», pourrait prendre forme, surtout en ces temps troublés. « Qui sait, un jour, les gens ne voudront plus être normaux. D’ailleurs, quand on dit qu’un plat est normal, c’est rarement un compliment, non ? » dit-il en riant.

Amener du « fun » pour les personnes vivant avec un trouble bipolaire

Hugo, riche d’enthousiasme, ne voit pas pourquoi il faudrait « se réfugier dans un sous-sol d’un hôpital pour parler de la bipolarité, tout en mangeant des gâteaux aux pommes ». Les groupes de parole ne l’ont jamais attiré, vous l’aurez compris. Il prône plutôt la rencontre autour de projets créatifs, de fêtes, de festivals.

Seul l’avenir nous dira si un jour, les personnes vivant avec un trouble bipolaire ne feront plus les frais de la stigmatisation. Ce qui est certain, c’est que « The 108 Journey » tape un bon coup dans la fourmilière et ne laissera personne indifférent.

Hugo Inde the 108 journey

Interview réalisée par Claire H.

PS : Hugo et tous ceux qui nous lisez… Vous êtes les bienvenus aux groupes de parole de l’ASBL Le Funambule : on en organise en ligne (vidéoconférence), avec de la lumière, de l’écoute, des rires aussi. Garanti sans gâteau aux pommes, promis 😉

Comment est née l’ASBL Le Funambule ? Interview de sa cofondatrice, Caterina Di Calogero

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Comment est née l’association Le Funambule ? Découvrez l’histoire de l’ASBL à travers le récit de sa cofondatrice, Caterina Di Calogero

Le Funambule est une association belge venant en aide aux personnes vivant avec un trouble bipolaire et leurs proches, notamment via l’organisation de groupes de parole.

« Notre première réunion date d’avril 1998 mais la constitution officielle en asbl de mars 2000. 

Nous étions un groupe d’amies (Isabelle, Marilyn, Magali, Sylvie et moi) et nous venions de terminer nos études en psychologie. Ce n’était pas facile de trouver du travail dans ce domaine. 

Un jour, notre amie, Sylvie Schottey, qui sera ensuite présidente du Funambule, a reçu une demande d’un collègue qui fréquentait une association néerlandophone à Alost, Ups and Downs, pour personnes vivant avec le trouble bipolaire. Il souhaitait qu’il y ait une structure similaire pour les francophones de Bruxelles. Sylvie a sollicité ses copines et nous avons été plusieurs à accepter sa proposition de créer ce groupe de parole. 

L’origine du nom « Le Funambule »

Notre initiative répondait clairement à une demande et le nombre de participants était important. On assurait également une permanence téléphonique et, avec les moyens du bord, on avait imprimé des folders dont l’illustration était un personnage sur un fil. C’est mon frère qui avait fait le dessin. Et le nom « Le Funambule » a été créé à cette époque, en référence à l’équilibre précaire des personnes qui pouvait basculer d’un état à l’autre.

Tout s’est bien déroulé pendant plusieurs années mais, ensuite, nos vies personnelles et professionnelles ont évolué, l’organisation des groupes demandait plus de temps. Nous avons dissous l’asbl en mai 2005 et arrêté de prendre part au projet. On a laissé la main à des personnes qui y participaient et qui ont donc repris le flambeau.

Mes amies et moi, on garde un très bon souvenir de ces années-là, le chemin parcouru est fantastique, c’est une merveilleuse aventure, qui continue. Je travaille maintenant au Nouveau Centre Primavera, avec Jean-Marc Priels, bénévole au Funambule. Il m’informe sur les activités du Funambule. Je sais que l’association évolue bien, avec de nouveaux projets et une équipe étoffée. Vous avez publié un recueil de témoignages. Bravo à vous tous ! ».

Propos receuillis par Franca Rossi

Témoignage de Jean-Marc Priels, psychologue-clinicien et psychothérapeute au Nouveau Centre Primavera

Témoignage de Jean-Marc Priels, psychologue-clinicien et psychothérapeute au Nouveau Centre Primavera

Jean-Marc Priels prend la parole, il est psychologue-clinicien et psychothérapeute au Nouveau Centre Primavera

 
« Primavera compte parmi les plus anciens Services de Santé Mentale à Bruxelles. Le centre existe depuis près de 55 ans. Il est possible d’y rencontrer des psychologues cliniciens, des psychiatres et des assistants sociaux qui écoutent des personnes en difficulté psychique et souvent en situation de précarité. 
Une équipe pluridisciplinaire y propose des entretiens de psychothérapie (psychanalyse, thérapie familiale systémique, hypnose et Approche centrée sur la personne) ainsi qu’un programme de psychologie communautaire qui fait la part belle aux groupes de parole centrés sur la personne.
Un groupe de développement personnel y existe depuis bientôt 25 ans. Des groupes à thèmes se rassemblent autour de sujets tels que les émotions, la solitude, les difficultés relationnelles, le deuil, etc. Un groupe axé sur le bien-être et la relaxation est attentif à la dimension corporelle. Par ailleurs, le centre est étroitement en lien avec les groupes du Réseau des entendeurs de voix (Rev-Belgium) et avec le Funambule.
Last but no least, il y a « Vivra Verra », un groupe d’activité communautaire qui vise à faire des choses ensemble :  théâtre, marche nature, jeux de société, cuisine, etc. Soulignons que toutes ces activités sont proposées à l’initiative des participants.
Dans l’exercice de mes fonctions, je pratique l’Approche centrée sur la personne (ACP). Je veille à créer un cadre sécurisant, dans lequel les personnes retrouvent et s’approprient leurs propres clés pour ouvrir à leur rythme leurs propres portes dans le chemin de vie qui est le leur. Engagement personnel, congruence, considération positive inconditionnelle, compréhension empathique sont des attitudes importantes. Une personne qui perçoit que ces attitudes lui sont offertes avancera vers plus de bien-être et d’épanouissement. C’est la personne écoutée qui détient l’expertise de sa propre vie, elle sait mieux que quiconque ce qui est bon pour elle »

Interview réalisée par Franca Rossi

Le trouble bipolaire, qu’est-ce que c’est ?

Le trouble bipolaire, qu’est-ce que c’est ?

Qu’est-ce que le trouble bipolaire? La réponse en vidéo !

Le Docteur Daniel Souery, psychiatre spécialisé dans les troubles bipolaires et responsable à Psypluriel Bruxelles nous donne sa définition et nous parle des dernières recherches en la matière.

Il nous parle également de médication, de psychoéducation, des bienfaits des groupes de parole organisés entre autre par le Funambule et de pair-aidance afin que les personnes vivant avec un trouble bipolaire prennent en charge leur propre trouble afin qu’ils cheminent vers leur propre processus de rétablissement.

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Interview de Yahyâ Hachem Samii , directeur de la Ligue Bruxelloise pour la Santé Mentale asbl

Interview de Yahyâ Hachem Samii , directeur de la Ligue Bruxelloise pour la Santé Mentale asbl

Toujours dans l’intention de faire découvrir les institutions actives dans le secteur de la santé mentale, Yahyâ Hachem Samii , directeur de la « Ligue Bruxelloise pour la Santé Mentale asbl » prend la parole.

« Elle a été créée en 1977 et elle émanait de la Ligue nationale d’hygiène mentale, fondée en 1922. Nous proposons à nos 52 institutions membres un lieu, un carrefour permettant aux acteurs du secteur de la santé mentale et de nombreux autres secteurs (aide à la jeunesse, maisons de repos, justice…) de partager sur leurs pratiques. Nous menons donc un long travail de concertation, notamment par des groupes de travail : adolescence, logopèdes, personnes âgées, assistants sociaux, … Nous organisons aussi des séminaires, des colloques et proposons des publications thématiques.


Nous avons une mission beaucoup plus récente, fédérer les 24 services de santé mentale bruxellois qui dépendent de la Commission communautaire française (COCOF) et établir des liens avec d’autres fédérations, comme les centres de planning, les soins palliatifs, les maisons médicales, les soins à domicile, les services sociaux… Il s’agit donc d’un travail intersectoriel, qui repose sur le partage des constats et l’identification d’enjeux communs.


Nous représentons également nos membres auprès des autorités politiques. Par exemple, nous avons remis un rapport à la COCOF quant à l’impact de la crise sanitaire sur la santé mentale. La situation s’est en effet aggravée durant le deuxième confinement, les différents publics expriment leurs difficultés, la précarité est encore plus présente que lors du premier confinement ».

Interview réalisée par Franca Rossi

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