Interview de Ludivine Sagnier, marraine du funambule

Interview de Ludivine Sagnier, marraine du funambule

A l’occasion de la sortie en salle du film “la ruche” le 1er juin, Mariette, bénévole et modératrice du groupe de soutien facebook du Funambule a réalisé une interview avec Ludivine Sagnier, actrice et marraine du Funambule. 

Mariette : Le film « La Ruche » de Christophe Hermans est sorti en salles le 1er juin. Vous y tiendrez le rôle principal, celui d’Alice, mère bipolaire. Pouvez-vous nous en parler ?
Ludivine : Je n’ai pas l’impression de tenir le rôle principal. Pour moi, le rôle principal, ce sont les quatre femmes. Ce qui est important dans ce film, c’est évidemment le trouble d’Alice, mais aussi le regard de ses filles par rapport à ce trouble. C’est le cœur du film. D’ailleurs ,ce que j’ai appris avec les groupes de parole auxquels j’ai participé au Funambule, c’est à quel point ces troubles pouvaient être dommageables pour la personne qui les subit mais pour son entourage également. Ces trois filles essaient de gérer leur mère, tant bien, que mal, juste comme elles peuvent.
Mariette : Pour vous familiariser avec le concept de la bipolarité avant le tournage du film, vous vous êtes donc tournée vers le Funambule, et vous êtes entrée en immersion dans nos groupes de parole qui accueillent des personnes bipolaires et des personnes proches de celles-ci. Qu’avez-vous appris d’utile pour vous et pour votre rôle?

Ludivine : Avant cela, j’avais eu une approche un peu plus théorique des troubles bipolaires. J’avais lu des ouvrages scientifiques écrits par des psychiatres, ou par des malades ou encore par des proches. J’ai lu des choses très scientifiques, d’autres très romancées. Quand je suis arrivée au Funambule, j’avais une approche peut-être caricaturale, et en tous cas un peu désincarnée. Ce que j’ai appris dans les groupes de parole ce n’est pas forcément des informations sur les symptômes de la maladie, c’est plus de l’humanité. L’humanité d’Alice et la normalité, qu’il était honnête de décrire dans le film. J’allais chercher quelque chose de singulier et ce que j’ai trouvé c’est quelque chose de simple au contraire, et en fait, c’est la normalité des gens qui souffrent qui m’a touchée le plus, pas leur « marginalité » entre guillemets, parce que ça, c’est une approche un peu cliché qu’on peut avoir sur les gens qui souffrent de troubles bipolaires.

 

Je n’avais pas envie de dresser un portrait trop caricatural de la maladie, alors que toutes les personnes que j’ai vues, qui étaient suivies étaient des gens qui étaient comme moi. Ce que j’ai ressenti c’est des gens qui vivaient dans la peur d’une crise, dans la peur « que ça revienne » . Cela je le sentais même chez des gens qui ne présentaient aucun autre symptôme. J’ai vu aussi des gens qui étaient en montée d’hypomanie, les symptômes étaient plus visibles. Ce qui m’a touchée c’est qu’ils étaient imperceptibles : c’est difficile de discerner cette maladie. Des gens me disaient que dans leur famille, on était complètement dans le déni, qu’on leur disait « Tu es chiant ou un peu déprimé, arrête de t’inventer des trucs. » C’est très difficile de déceler le trouble quand on est hors crise. Vous allez voir, Alice, elle n’est pas non plus en crise tout le temps.
Mariette : Les proches sont en effet très impliqués quand ils fréquentent une personne bipolaire, surtout s’il s’agit de membres de la famille … Et quand il s’agit d’amour…
Ludivine : Ca, ce n’est pas évident. Je pense que Christophe Hermans, le réalisateur de « La Ruche », décrit son film comme un film d’amour, et je pense qu’il a raison parce que c’est un film sur l’amour inconditionnel. Même si les rapports parents/enfants sont inversés, même si Alice, la mère qui est censée être le pilier, la personne rassurante ne l’est pas mais présente un danger, une menace pour l’équilibre des enfants, ses filles font avec.
Souvent on a tendance dans la société à schématiser : le parent défaillant est le bourreau et l’enfant est la victime, et voilà. La réalité est beaucoup plus complexe que ça. Même si on a un parent qui n’est pas parfaitement « efficace » à certains moments, on fait avec. Il y a une espèce de force insoupçonnable qui se dégage de la part de ses enfants, qui soutiennent leur mère coûte que coûte.
Mariette : Votre mot de la fin ?
Ludivine : Je voudrais remercier vraiment toute l’association qui m’a accueillie chaleureusement, qui n’a jamais exprimé aucune agressivité par rapport à ma curiosité. Les gens ont été très généreux avec moi.
Grandir à l’ombre d’un parent bipolaire

Grandir à l’ombre d’un parent bipolaire

L’émission « Tendances Première » de la RTBf parle de la bipolarité et l’impact des parents sur leurs enfants. Cette émission est animée par les journalistes Véronique Tyberghien et Cédric Wautier. Les intervenants sont : Dr Gérald Deschietere, chef de l’unité de crise et des urgences psychiatriques aux Cliniques Universitaires Saint-Luc, Christophe Hermans, le réalisateur du film « La Ruche » et Franca Rossi, présidente du Funambule.

L’extrait de l’émission “grandir avec un parent bipolaire” commence à la 31ème minute

De haut en bas

De haut en bas

L’hebdomadaire Le Vif Weekend a consacré un article aux troubles bipolaires et parle du film “La Ruche” de Christophe Hermans. Un article de Kathleen Wuyard avec la participation du docteur David Souery et de Franca Rossi. 

« Lors de phases hautes ou basses, les personnes peuvent être virtuellement hors service, et les proches ne comprennent pas pourquoi cela ne va pas mieux malgré tout leur amour et leur bienveillance ». Dr David Souery 

Un site riche en informations pour les personnes en situation de handicap

Un site riche en informations pour les personnes en situation de handicap

Vous vivez avec un handicap ? Un nouveau site vous propose une mine d’informations sur les aides possibles dont vous pouvez bénéficier. Martine Delchambre, chargée de projets dans l’équipe concertation de la LUSS (Ligue des Usagers des Services de Santé), principalement en charge des thématiques handicap et maladies rares, nous en parle.

« Nous avions mené une enquête, fin 2018, auprès de personnes en situation de handicap. Les résultats de cette étude ont montré qu’elles étaient très peu informées de leurs droits et des aides dont elles pouvaient bénéficier. La réflexion sur la façon de pallier cela a commencé mi-2020, avec l’ASPH, l’Association Socialiste pour la Personne Handicapée. En octobre 2020, nous avons contacté les associations de patients concernées par le handicap et une première réunion s’est tenue mi-décembre avec les associations qui souhaitaient contribuer à ce travail.

 

Il en est ressorti la nécessité d’avoir des dépliants et un site qui traitent des droits financiers et des aides individuelles (adaptation de l’habitation, de la voiture, aide pour les enfants, …). Il existe différentes aides en fonction de l’âge, il fallait donc faire l’inventaire des informations à publier sur le site. L’information n’est évidemment pas exhaustive car la matière est dense. Une chose que les personnes concernées ne réalisent pas, c’est qu’un refus de la Direction Générale pour la Personne Handicapée (DGPH) ne conditionne pas le fait de recevoir une aide auprès de l’AVIQ (Wallonie) ou de Phare (Bruxelles). De plus, des recours existent. Par ailleurs, quand on va se faire évaluer par la DGPH, on peut être accompagné car le stress peut faire qu’on ne dit pas tout ce qu’on devrait exprimer quant à ses difficultés.

 

Ce nouvel outil vise aussi à informer les personnes en situation de handicap sur le fait qu’il existe des personnes pouvant les aider à remplir les documents pour la DGPH, l’AVIQ ou PHARE et pouvant également les informer sur toutes les possibilités d’aide. Ces personnes sont, par exemple, les Handicontacts, les assistants sociaux des mutuelles et des CPAS. On a aussi voulu mettre en valeur les associations de patients, qui peuvent apporter une aide morale, un soutien, de bons conseils ».

http://jaidesdroits.be/

Propos recueillis par Franca Rossi

 

Santé mentale : un numéro vert d’entraide et de soutien

Santé mentale : un numéro vert d’entraide et de soutien

La Plateforme Bruxelloise pour la Santé Mentale, qui regroupe une quarantaine d’institutions et professionnels, dispose désormais d’un numéro d’appel, gratuit et anonyme. Une très belle initiative dont nous parle Olivier De Gand, coordinateur usagers et proches de la plateforme.

« Nous avons commencé à réfléchir sur ce projet durant le second semestre 2020. On recevait souvent des demandes d’orientation ou d’informations, générales ou juridiques. On a donc constitué un petit groupe pour démarrer ce nouveau service aux personnes. Une dizaine d’usagers et proches d’Interface assurent le rôle de répondants depuis le 1er juillet. Nous avons reçu pour l’instant une trentaine d’appels, principalement des demandes d’informations. Quand les appelants sont en détresse, on réoriente vers d’autres partenaires comme Prévention Suicide, les équipes mobiles, Télé-Accueil…. Ce numéro vert répond à une recommandation faite au niveau fédéral par des usagers et proches pour bénéficier d’un service plus centralisé. Notre initiative vient compléter notre répertoire en santé mentale (www.santementale.brussels), qui permet de s’informer sur l’offre de soins à Bruxelles.

Pour faire connaître le numéro vert, on a utilisé nos canaux de communication (site, newsletter, page Facebook) et on a diffusé des affichettes dans les stations de métro et les mutuelles, notamment. Avec celles-ci, des collaborations sont envisagées, par exemple pour afficher le numéro sur les écrans des salles d’attente. On a aussi diffusé des affiches et des flyers auprès des médecins généralistes et pharmaciens. On cherche des représentants de firmes pharmaceutiques, habitués aux contacts avec les pharmacies, pour qu’ils jouent un rôle de relais. Nous souhaitons collaborer avec les associations partenaires, dans une optique de complémentarité et d’échange de bonnes pratiques. Ce sera le cas avec le Funambule. Nous voulons également renforcer la coordination et la gestion des appels avec une personne qui coordonnera cette ligne téléphonique.

Propos recueillis par Franca Rossi

Affiche