Le projet a été initié et est porté par le Docteur Benoît Gillain, chef du service psychiatrie. Il nous parle de cette collaboration avec notre association.

« C’est une réelle opportunité pour nous de bénéficier de moyens supplémentaires pour accueillir et encadrer encore mieux des personnes en crise qui souffrent d’une maladie mentale. C’est très important que les soignants intègrent l’idée d’un réseau autour du patient, comme les proches, les amis. On élabore donc un projet de soins défini pendant le séjour, en tenant compte du réseau et des ressources qu’il représente pour le patient. On accepte les moyens octroyés dans le cadre du H.I.C. mais il est évident que ce n’est pas un chèque en blanc. On travaille dans un esprit de concertation interne, en lien avec les urgences. On a intégré de nouveaux collègues, qui sont les pair aidants, notamment du Funambule. On se rend compte qu’avec leur intervention, il y a une plus grande acceptation de la maladie, que celle-ci n’est pas quelque chose d’inéluctable. C’est donc un gain de temps appréciable dans le processus de soins. L’écoute par les pair aidantes aide les patients, même en crise, à être davantage acteurs de l’évolution de leur état de santé. Ce sont des rencontres symétriques, d’égal à égal alors qu’avec les soignants, ce sont des contacts asymétriques. Ce qui importe, c’est de travailler ensemble, dans un esprit de complémentarité. ».

Au sein du Funambule, Cécile Histas et Cécile Perrad oeuvrent comme pair aidantes à la Clinique depuis août 2023. Cécile H témoigne de son expérience dans ce projet : « C’est un rôle de partage et d’échange, dans une sorte de bulle, l’atmosphère est propice à la convivialité : les permanences se déroulent dans un petit salon, il y a des boissons, non alcoolisées bien sûr. Le patient se dit : « Ici, je ne suis pas chez le psy ». La première question qui nous est souvent posée est de savoir si on est médecin. J’explique ce qu’est la pair aidance et la relation, personnalisée, devient très vite une relation de confiance. On a la possibilité d’approfondir des questions qu’on aborde en groupe de parole mais de façon moins pointue. Je trouve très positif, cette complémentarité entre le personnel soignant, qui prend en charge le volet médical et nous, qui pouvons mettre notre expertise de vécu au service de nos pairs. Je constate qu’il y a souvent des comorbidités, comme l’alcool (d’où l’utilité d’une association de pairs comme les A.A. au sein de l’hôpital) ou le cannabis. Le projet H.I.C. permet de réduire la durée d’hospitalisation et de permettre un rétablissement plus rapide. ».

Cécile P parle elle aussi de complémentarité entre l’équipe soignante et les pair aidantes. Elle évoque son expérience : « Je veille à instaurer un climat de confiance et de respect mutuel avec le patient, avec des principes comme le non jugement et l’écoute bienveillante, empathique. Je fais en sorte que le patient parvienne à mieux exprimer ses ressentis et ses souffrances auprès de son médecin. Je montre aussi une grande disponibilité pour une bonne collaboration avec l’équipe de professionnels. Mon rôle de pair aidante m’apporte une richesse relationnelle et je suis contente de la confiance que l’on nous accorde. Le projet H.I.C. nous permet de mettre notre expérience de vie au service des patients, grâce à une aide individualisée. Il y a une belle complémentarité entre les professionnels et nous. On participe ainsi à la chaîne de soins en milieu hospitalier, dans un secteur que l’on connaît bien, la santé mentale. Ce projet est porteur d’espoir, un mot qui est un véritable moteur pour moi et tous les autres membres de l’équipe du Funambule. ».

Propos recueillis par Franca Rossi

Octobre 2024

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